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Article publié le 6 mai 2022.

Sirene 4 : un nouvel outil qui devrait aider les agents, pas les fliquer !

La gestion du répertoire Sirene est une des activités phares de l’Insee. À ce titre, les équipes en charge de l’alimentation du répertoire et de sa qualité sont obligées de se conformer aux règles prévues par Services publics + : réponse dans un délai maximal d’une semaine, enregistrement des nouveaux établissements dans une limite de deux jours ouvrés.

Aujourd’hui, le travail sur Sirene fonctionne en mode très dégradé : le nombre de liasses en attente est extrêmement important dans de nombreux sites, et les effectifs ne sont pas assez nombreux pour faire face à un accroissement de l’activité constatée depuis 2020 et la forte montée du régime d’auto-entrepreneur.

Aujourd’hui, que ce soit dans les sites de gestion, les pôles, au sein des Pôles Insee Contact ou des équipes nationales en charge du sujet, la pression est forte, d’autant plus que l’année à venir prévoit des modifications majeures : changement d’application et de mode de gestion avec le passage à Sirene 4 et bascule des serveurs à venir ; fin des centres de formalités des entreprises (CFE) avec le passage au Guichet unique, géré par l’Inpi.

Face aux difficultés actuelles et aux enjeux à venir, les syndicats CGT et Sud souhaitent rappeler les revendications qui devraient permettre un travail de qualité sur le répertoire.

Un nouvel outil pour travailler, pas pour fliquer

Le passage à Sirene 4 pourrait entraîner de profondes modifications. L’une d’entre elles concerne la possibilité d’identifier facilement l’agent·e qui est intervenu·e sur une liasse donnée. Cette possibilité existe déjà dans l’application actuelle, mais de façon moins directe.
Cette possibilité de repérer l’intervention de chaque agent doit disparaître de la nouvelle application. Les ravages d’une telle pratique sont en effet connus. Dans un site Sirene, un fichier individuel recense déjà les « erreurs » de chaque agent, soi-disant à des fins de formation. On peut imaginer l’usage qui pourrait être fait d’un tel document avec une hiérarchie à la recherche d’efficience, comme c’est le cas dans beaucoup de directions aujourd’hui. Dans d’autres, certain·e·s agents pistent le travail des un·e·s et des autres, mettant en évidence l’activité plus important de certain·e·s. Tout ceci ne peut qu’être source de tensions au sein des équipes. Le flicage n’est pas un outil d’amélioration des conditions de travail, mais un moyen pour l’encadrement d’introduire une nouvelle pression dans les collectifs de travail.

Les agents seront chronométré·e·s pour le traitement de chaque dossier : lors de l’ouverture d’un message de la boite mail centralisant les demandes, un TIMER se déclenche, visible par les agents. Le chronomètre n’est donc pas dans Sirene 4, mais dans une messagerie que les agents gardent nécessairement ouverte pour pouvoir travailler. Ce chronométrage des agents doit cesser.

Avec Sirene 4, les managers et chef·fe·s d’équipe vont disposer de divers tableaux de "reportings" qui seront déclinés par agent : nombre de demandes traitées, en attente, transférées, renvoyées. Les données des agents seront visibles sans accord préalable. L’utilisation des nom et prénom à l’intérieur de l’applicatif est contraire au RGPD qui protègent les données personnelles : ils doivent disparaître.

Qualité du travail est synonyme d’effectifs

A l’instar de nombreux projets mis en œuvre à l’Insee, les baisses d’effectifs font figure d’objectif majeur dans le pilotage. Dans le cas de Sirene 4, les objectifs initiaux étaient de moins 60 équivalent temps plein.

Cette course à la diminution des effectifs se traduit dès aujourd’hui par des déficits importants dans presque tous les sites. Fin février 2022, sur les dix sites de gestion de métropole, huit comptaient plus de 1000 liasses en stock, dont 7 plus de 2000. Pour donner un ordre de grandeur, en rythme normal, le stock est souvent entre 300 et 500. De fait, une mutualisation est mise en place, c’est-à-dire que des liasses affectées à un site sont traitées par un autre site. Cette aide est ponctuelle, mais peut aussi être à l’origine de difficultés dans les sites qui accueillent des liasses supplémentaires.

Plusieurs sites ont aussi eu recours au rappel d’ancien·ne·s collègues du site Sirene, parti·e·s travailler dans d’autres services, pour compenser cette charge de travail. Tandis que d’autres ont fait appel à des CDD de 3 mois pour faire face à l’augmentation de la charge. Cette pratique, d’habitude utilisée pour des travaux ponctuels sur le RP ou le fichier électoral, a cette fois lieu alors que rien ne laisse penser que cette situation sera conjoncturelle.

En parallèle, face à ces difficultés d’effectifs, les travaux de qualité, comme la recherche des adresses des NPAI (n’habite plus à l’adresse indiquée) sont laissés de côté, toutes les opérations liées à l’amélioration de la qualité du répertoire ne sont plus faites. A long terme, tout ceci ne peut avoir qu’un effet négatif sur le répertoire et les informations qu’il contient et sur la diversité des activités exercées au sein des sites. Car pour assurer un travail intéressant, il est essentiel de ne pas limiter le rôle des gestionnaires à celui d’agent de traitement des erreurs.

Les effectifs doivent être maintenus en nombre suffisant dans tous les sites Sirene pour faire face à la hausse d’activité, et le passage à Sirene 4 ne doit pas être le prétexte à une diminution anticipée des effectifs dans les équipes. Les gains de productivité liés à Sirene 4 sont en effet encore fortement incertains, et il est même probable qu’un basculement dans de mauvaises conditions (formations insuffisantes, outil défaillant) ait des conséquences négatives. Acter dès aujourd’hui des baisses d’effectifs fait peser un risque sur l’ensemble de l’activité.

La question des effectifs concerne également les Pôles Insee Contact, qui absorbent désormais grandement la réponse téléphonique sur Sirene : cela n’était pas dans leurs missions initiales et cause une charge de travail difficile à assurer. Il faut donc ajuster leurs effectifs !

L’existence des sites ne peut dépendre de leur attractivité

Une autre évolution majeure concerne l’attribution des liasses à traiter aux sites. Aujourd’hui, chaque site a une zone géographique de compétence. A terme, il est prévu qu’un pot commun soit organisé, avec une attribution aléatoire des liasses. Cela signifie perte de connaissance du territoire sur lequel les gestionnaires sont amené·e·s à intervenir. Mais plus grave, il est prévu que les effectifs ne soient plus sanctuarisés dans chaque site, mais évolueront selon la capacité de chaque site à attirer des agents pour y travailler. Quelle merveilleuse idée pour ajouter de la compétition entre les services d’un même établissement ! Quelle pression mise sur les épaules des encadrant·e·s, qui pourront être tenu·e·s pour responsables de la non-attractivité de leur division, alors que tout est fait pour vider ces postes de leur substance ! Nous demandons que les postes des divisions Sirene ne soient pas dépendants de l’attractivité de chaque site, et qu’aucun site Sirene ne ferme.

Si ces questions concernent aujourd’hui Sirene, les autres activités de production vont connaître des évolutions similaires dans les prochaines années : application du Maiol dans les DEM, avec de plus en plus de travail de relance téléphonique pour les enquêtrices et enquêteurs et un changement de travail pour les gestionnaires d’enquêtes ; arrivée de Résil au RP qui amènera une nouvelle organisation de travail sans garantie de qualité...

Nos revendications :
 Les effectifs doivent être suffisants pour une qualité des conditions de travail et du travail fait ;
 Le flicage instauré dans l’application doit cesser : nous refusons la compétition individuelle et le management par la peur ;
 Nous refusons également la compétition entre régions : les effectifs doivent être sanctuarisés dans chaque site pour permettre une visibilité de la diversité des postes, et chaque site maintenu, en métropole et dans les DOM.
Mobilisons-nous pour défendre la qualité du travail dans toutes les sphères de production !

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