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Article publié le 11 octobre 2020.

Tripode : Alain Guillemand nous a quittés

Ancien pompier professionnel de Paris, Alain est arrivé dans le Tripode comme agent de sécurité incendie, après plusieurs feux dans cet IGH (immeuble à grande hauteur).

Comme si c’était naturel, la direction lui demanda très vite de recopier le contenu des panneaux syndicaux "illégaux" qui fleurissaient dans le hall, voire même d’arracher certains panneaux jugés irrévérencieux par la Direction de l’Insee.

Ah, comme c’était mal connaître Alain !
Il fit savoir vigoureusement qu’il avait été recruté comme pompier, et qu’il n’était ni auxiliaire de police, ni larbin de la Direction.

Dans la journée, il fut exclu de son bureau du 16ème étage et envoyé dare-dare dans les ateliers du sous-sol rejoindre les ouvriers professionnels, considérés par la direction du Centre National d’Exploitation de Nantes comme des agents pas vraiment Insee... mais plutôt comme des mauvaises têtes.

Alain trouva là une équipe joyeuse et solidaire, qui assurait une partie importante de la maintenance de la Tour avec une grande efficacité : chauffage, électricité, menuiserie, rien ne leur -lui- était étranger.

Mais les 350 tonnes d’amiante du Tripode commencèrent à produire leurs effets meurtriers sur ceux qui le manipulait, le tronçonnait, le grattait, le traversait de câbles tous les jours.
Au fil du temps, Alain a vu ses collègues tomber malades, mourir, si jeunes, avant leur retraite ou si peu de temps après.
Ses potes les plus proches, l’un à 40 ans en 1995, l’autre en 1999 à 43 ans.

Malgré notre fraternité, il s’est senti bien seul ses dernières années à l’Insee, avant de partir enfin en retraite.
Il avait développé des plaques pleurales reconnues par l’administration au titre du Tripode et en a témoigné dans le film "Une tour, de l’amiante, un combat" avec cette fierté et cet humour qui le caractérisaient.

Hélas le cancer est venu, comme il l’avait craint, et a fini par vaincre sa résistance acharnée.
Il a été arraché à son épouse, à sa famille qu’il adorait et dont il était si fier.
Alain, tes amis du Tripode et du syndicat se sont associés à la peine de ta famille et ne t’oublient pas.

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