Article publié le 25 juin 2025.
Action régionale : pour cacher les dérives du management, la direction bannit les messagers
Le tract des syndicats SUD et CGT

La sanction d’un agent est tombée, inique, honteuse, comme l’a été toute la procédure où l’administration a piétiné les droits de la défense. Après l’avoir humilié aux yeux de tous par des suspensions, après l’avoir sanctionné financièrement, la Direction a décidé de le casser dans sa carrière par un DÉPLACEMENT D’OFFICE. La suite d’une triste histoire déjà bien trop longue.
Un an de profond malaise au SED et d’audits en tous genres
Depuis plus d’un an, l’action régionale du SED de Strasbourg est en effet sans dessus dessous. Nombreux sont les agents à avoir fait part de leur mal-être, à la machine à café, en réunion ou via des signalements ou observations laissées dans le registre santé et sécurité au travail (RSST). Plusieurs ont été en arrêt maladie, parfois des mois durant, et certains le sont d’ailleurs encore, tandis qu’un autre a été suspendu depuis de longs mois. C’est de fait toute l’action régionale qui est malade.
Nombreux sont pourtant les acteurs à s’être penchés à son chevet, entre l’audit de l’inspecteur santé et sécurité au travail (ISST) au deuxième semestre de l’année dernière, les déplacements de la secrétaire général et du chef du DCVCT en octobre et janvier et la mission de l’inspection générale de mars dernier. Ces initiatives ont cependant été menées sans cohérence d’ensemble, au gré des circonstances, avec pour seules constantes la mise à l’écart des organisations syndicales et la volonté de taire la véritable cause du mal-être : le management du service.
La fabrique d’un bouc-émissaire comme réponse au malaise d’un service entier
Au terme de tous ces audits et enquêtes, la direction veut en effet imposer sa vision des choses : si le service est si mal en point, c’est la faute d’un agent et de ceux qui le soutiennent et il n’y a aucun problème de management.
Et les agents sont sommés de l’entendre, de gré ou de force. Pour cela, elle use alternativement de la carotte et du bâton.
La Direction prétend ainsi guérir un service malade grâce aux sanctions individuelles et à un « plan d’actions », ou plus exactement d’un mélange de psychologie de groupe, de formations et de petits déjeuners et autres tentatives de câlinothérapie. Que ces « bons moments » imposés soient efficaces ou non n’est pas l’essentiel : la direction aura bien coché toutes les cases attendues pour la « prévention ».
Et pour tous ceux qui pensent qu’on doit traiter les vrais problèmes ou que sans justice, il n’y aura pas de paix, on leur promet le bâton. La menace est claire de réunion en réunion : la Direction veut faire taire tous ces réfractaires qui font « courir des rumeurs » ou la contredisent (cf. note n°2025_6510_DR67-DIR), ce qu’elle assimile à de la désobéissance. Pour ceux qui ne le sauraient pas, ce terme aux accents infantilisants désigne d’abord une faute pour le fonctionnaire. Et maintenant, elle ajoute à la parole la sanction, en écartant des agents ou en dépréciant leurs évaluations professionnelles.
Dans un contexte de répression syndicale inédite à l’Insee
Il n’est pas anodin que tout cela arrive ici et maintenant. On s’attaque en effet à un élu et à un syndicat qui ont dénoncé la façon dont le SED se réorganisait (tout particulièrement une note), après avoir été très impliqués pendant tous les travaux dans l’établissement, dont l’actualité liée à l’amiante nous rappelle à quel point ils ont été menés de façon catastrophique.
À un moment où l’on exige d’être serviles, il n’est pas étonnant que l’on vise prioritairement Sud Insee, une organisation syndicale qui n’a pas cette « qualité ». Ici, la Direction s’en était déjà pris à elle dans une observation RSST, lorsqu’un de ses cadres l’avait accusée de « discrimination » (sic) pour lui avoir reproché d’assurer son intérim de chef d’établissement à plus de 300 km de là. Ailleurs, au Secrétariat Général, elle a lourdement condamné un autre militant sur la base d’accusations toutes aussi dérisoires qu’infondées. Et toujours la même méthode, avec une procédure indigne et irrespectueuse des droits de la défense, où l’opacité et l’arbitraire confinent à la maltraitance.
Une répression qui ne réglera évidemment pas les gros problèmes de fond
Il est évident qu’un tel comportement de l’administration ne peut générer que du dégoût et de la rancœur, toutes choses qui viennent s’ajouter aux problèmes de fond que l’on a souhaités ne pas traiter.
À l’instar de ce que de nombreux signalements ont dénoncé hier, les agents risquent en effet de subir demain un management toxique à bien des égards : pression aux résultats dans des délais souvent irréalistes, volonté de contrôle excessif, verticalité, mise en concurrence des collègues avec des traitements aussi ostensiblement différenciés qu’injustifiés où certains récoltent des remarques vexatoires et volontiers humiliantes tandis que d’autres voient leur travail survalorisé...
Également, les problèmes d’organisation pointés par de nombreux agents ne disparaîtront pas par enchantement. Un an et demi après le début de son expérimentation, les tâches restent mal réparties entre divisions et des postes nouveaux sont mal définis, ce qui engendre à la fois ennui pour les uns (bore-out) et surcharge de travail pour les autres.
Conjuguées aux baisses des effectifs, les tensions persistantes ne feront qu’amplifier le malaise d’un service que l’administration et sa hiérarchie auront décidément bien mal traité.
- Nous demandons que l’administration annule la sanction inique qu’elle inflige à notre camarade ;
- Nous demandons l’ouverture d’une enquête indépendante sur le management toxique du SED ;
- Nous demandons l’ouverture d’une enquête indépendante sur les responsabilités de la direction qui a couvert cette dérive
Sud et CGT Grand Est