Article publié le 20 juillet 2021.
Hommage à Michel Husson
Pour rendre hommage à Michel Husson qui vient de disparaître, Jean-Marie Pernot nous a envoyé ce témoignage
Sur Michel Husson, témoignage
J’ai rejoint l’IRES en 1998 où j’y ai retrouvé Michel qui était là déjà depuis quelques années. On s’était peu vu auparavant, juste croisés pendant mes années syndicales. Il avait fait pour la fédération des finances de la CFDT quelques papiers très éclairants sur l’évolution des salaires, très fouillé, technique mais didactique.
C’était une constante chez lui : une très grande technicité, il maniait les modèles économétriques avec maestria mais avec le souci non seulement de dénoncer les impostures de ses « collègues » orthodoxes mais aussi d’expliquer, d’impliquer le lecteur dans son combat. Il savait comme peu de gens lier dans un même exposé rigueur de la démonstration et engagement.
Nous avons travaillé ensemble à très peu d’occasions puisque nous n’étions pas sur les mêmes champs disciplinaires et Michel travaillait plutôt en solitaire, mais à deux occasions au moins, j’ai vu combien il était agréable de travailler avec lui.
Fidèle à la commande, régulier dans les dates de remise, le texte était toujours nickel, rien à corriger à la relecture, un vrai professionnel. Je me souviens notamment de l’ouvrage « La France du travail », publié par l’IRES en 2009 que j’avais coordonné avec mes collègues Catherine Sauviat et Florence Lefresne. Il avait écrit un chapitre remarquable sur l’emploi et sa relation à la durée du travail, c’était un sujet qui lui tenait à cœur (voir encore récemment sur son remarquable site hussonet.free.fr) et sur lequel il apportait en permanence des éclairages à mon avis décisifs.
Sur le plan personnel, il m’a toujours fait l’effet d’un timide qui maniait un humour assez caustique derrière lequel il abritait une grande sensibilité et une grande gentillesse. Discret, il prêtait attention aux autres et prenait garde de ne pas froisser.
Ce n’était pas quelqu’un qui « la ramenait », un homme d’étude plus que de tribune. Nous avions le même âge, nous partagions un goût pour les vieux rocks (il était beaucoup plus que moi fan des Chaussettes noires), c’était une « bonne personne » comme disent les anglo-saxons.
J’avais une estime immense pour ce compagnon qui va nous manquer.
Jean-Marie Pernot
Le 19 juillet 2021