Article publié le 13 février 2025.
Marre des jeux pipés de l’évaluation ?
Campagne de recours par les syndicats CGT et SUD Insee
Les entretiens professionnels, ça devrait être le moment de faire le point avec son·sa supérieur·e hiérarchique.
Mais même dans le cas où ça se passe très bien, il y a forcément le moment désagréable de la notation, via l’attribution d’une « valeur professionnelle ».
Et là ça ne peut pas se passer bien, car la direction impose :
• des quotas (15% d’agents « excellents », 45 % de « très satisfaisants »…) ;
• et un système de promotion dans lequel elle fixe les valeurs professionnelles avant même la réalisation des entretiens.
Dans ce système biaisé, tout le monde est lésé.
• Que vous ayez l’impression d’avoir une valeur professionnelle qui ne correspond pas à votre travail ;
• que ça ne soit pas le cas cette année mais que cela vous soit déjà arrivé ;
• que vous soyez encadrant·e et que vous ne vous sentez pas libre de mettre la valeur professionnelle que vous estimez juste ;
• ou que tout simplement vous ne soyez pas d’accord avec le système :
nous vous incitons à réaliser un recours pour protester contre le cadre dans lequel se déroulent les entretiens professionnels au sein de l’Insee.
Vous trouverez ci-dessous un texte type que vous pouvez utiliser seul ou en ajout lorsque votre recours porte aussi sur une modification du contenu de votre compte rendu d’entretien (texte ou valeur professionnelle).
Vous trouverez également dans la « marrelle du recours » (en pièce jointe) les étapes administratives à suivre pour réaliser un recours en bonne et due forme. Au besoin, le détail des différents délais à respecter est dans le document des instructions pour l’entretien à partir de la page 10.
Vos sections locales CGT et Sud sont disponibles pour vous accompagner, n’hésitez pas à vous tourner vers elles si elles sont présentes dans vos établissements. Dans le cas contraire, les syndicats nationaux sont là (syndicat-cgt@insee.fr et syndicat-sud@insee.fr).
Les syndicats nationaux CGT et SUD
Texte type pour le recours
Par ce recours, je conteste mon évaluation portant sur l’année 2024.
Je demande l’abrogation du cadre dans lequel se déroulent les entretiens professionnels au sein de l’Insee, et plus précisément de :
– l’existence des quotas, qui biaise l’attribution des valeurs professionnelles
– le système de promotion, qui amène en pratique à mettre les plus hautes valeurs professionnelles « très statisfaisant » ou « excellent » en priorité aux agents destinés à être promus, et ce jusqu’à leur promotion
– la contrainte arbitraire de calendrier, qui impose à l’encadrement de fixer les valeurs professionnelles bien avant la tenue des entretiens et les déconnecte de fait
– la consigne pour les encadrant·es d’aligner le contenu textuel de l’entretien professionnel pour coller à une valeur professionnelle qui n’est donc pas toujours en adéquation avec le travail fourni au cours de l’année
À ce titre, je considère que ce cadre ne répond pas à la circulaire du 23 avril 2012, qui précise que « l’évaluation individuelle pratiquée dans les conditions du décret du 28 juillet 2010 sert de fondement à l’administration pour faire ses choix en matière d’avancement, de promotion et de rémunération au mérite ou à la performance. », et non l’inverse.
Je remets en question l’existence même des valeurs professionnelles : je ne souhaite pas être résumé.e à un mot.
Pourquoi le système est biaisé ?
• les quotas se traduisent de la manière suivante : pas plus de 45 % de valeurs professionnelles « très satisfaisant » et pas plus de 15 % d’« excellent ».
• l’existence des quotas se justifiait initialement par l’existence de réductions d’ancienneté : la valeur professionnelle pouvant amener à changer plus rapidement d’échelon (jusqu’à 3 mois plus tôt), et les budgets étant contraints, tout le monde ne pouvait avoir « excellent ».
• nous sommes la seule direction du ministère des finances à avoir encore des quotas, alors même que les réductions d’ancienneté n’existent plus depuis 2017. Plus rien ne les justifie : d’ailleurs aucun texte propre à l’Insee n’en fait état.
• la direction utilise désormais les quotas comme outil de justification des promotions : les 15 % de valeurs « excellent » sont ainsi réservées en priorité aux agents qu’elle destine à promouvoir au choix, et tant pis pour les autres.
• vous noterez qu’on fait les choses à l’envers : la direction détermine avant l’entretien qui est promouvable. Elle étiquette les collègues concernés grâce à la valeur professionnelle « excellent » ou « très satisfaisant ». Puis elle justifie in fine leurs promotions par le fait que les collègues concernés ont depuis plusieurs années une très bonne valeur professionnelle.
Zoom sur le CIA des agents de catégorie A
À l’arbitraire s’ajoute aussi l’opacité, exemple pour le CIA (note prime mise en place à l’Insee seulement pour les A).
Alors que son montant est censé rendre compte de la « manière de servir » de l’agent, ce n’est jamais abordé lors des entretiens professionnels. Aucun·e encadrant·e n’explicite jamais les conditions d’attribution : certain·e·s agents reçoivent à l’été un papier leur disant le montant qu’ils et elles vont recevoir, sans explication sur la hausse ou la baisse constatée, sans même leur situation dans la courbe de répartition des attributions…