Article publié le 13 décembre 2024.
Le chef de service Etudes et Diffusion d’Occitanie muté de manière autoritaire par la direction de l’Insee
L’information des syndicats nationaux CGT, CFDT, CFE-CGC, SUD, FO de l’Insee
Bonjour,
Le chef du service études et diffusion (SED) de la DR Occitanie a reçu le 19 novembre dernier un courrier signé de la secrétaire générale, lui stipulant une mutation « dans l’intérêt du service ». Ce courrier lui a été remis en main propre par la directrice en présence de la cheffe de SAR, sans qu’il en ait été averti ni sensibilisé au préalable.
Ses torts ?
Officiellement, des « manquements sur ses responsabilités managériales », et un manque de "loyauté" vis-à-vis de sa hiérarchie. « Rien n’est à lui reprocher côté métier », comme l’a précisé la directrice d’Occitanie à une délégation d’agents.
Officieusement, cet agent n’était pas toujours d’accord avec la directrice et exprimait en interne ses positions, parfois différentes. Il a notamment porté les remontées de ses agents sur la souffrance au travail dans le cadre du « DUERP », cadre réglementaire de santé au travail, avant de devoir les retirer à la demande de la directrice.
Tous les agents du SED Occitanie et plus de la moitié des agents de bureau de la DR se sont immédiatement mobilisés pour le soutenir, en signant deux pétitions successives à l’attention du directeur général et en indiquant leur choc devant cette décision incompréhensible et injuste.
Soutenus par l’ensemble des organisations syndicales représentatives, ils ont demandé au directeur général de revenir sur sa décision, ce qu’il a refusé de faire. Cet agent n’a même pas été reçu, ce qui lui aurait permis au moins de donner son point de vue afin de se défendre. Aucune médiation n’a été envisagée ni organisée par la direction.
Aujourd’hui, en portant à la connaissance de tous les agents de l’institut cette situation, nous dénonçons l’autoritarisme de la direction de l’Insee que nous trouvons très alarmante.
Ci-dessous vous trouverez le récit des événements par les agents de la DR Occitanie, rédigé avant l’annonce officielle de l’ouverture du poste de l’agent, en comité de direction national le lundi 9 décembre.
Récit des agents de la DR Occitanie
Loyauté ou omerta ?
Imaginez : Toulouse, vous travaillez au Service études et diffusion (SED) d’Occitanie. Nous sommes le 19 novembre, vous passez votre journée comme à l’habitude, là à finaliser avec un plan détaillé , là à préparer une conférence de presse, ou là encore à vous assurer de l’accessibilité des documents à mettre en ligne sur insee.fr.
Et puis sans crier gare, on vous transmet un message de votre chef de service qui annonce qu’il est muté d’office dans l’intérêt du service. C’est la stupeur, la sidération, et puis la colère. L’information tourne très vite dans le service, et spontanément, une pétition est proposée. Elle sera signée en 24h par l’intégralité du service, soit 47 personnes.
Le lendemain, le 20 novembre, les organisations syndicales locales se sont soudées. S’ensuivront avec les collègues : 3 assemblées générales, une pétition élargie à tous les agents Insee d’Occitanie, des explications demandées en masse dans le bureau de la directrice, un envahissement d’une instance de dialogue social, le dépôt d’un préavis de grève...Pourquoi tant d’agitation vous demandez-vous peut-être ?
Plusieurs raisons à cela.
D’abord, parce que cette décision de mutation d’office est inédite dans sa forme : de mémoire de Toulousain.es et de Montpelliérain.es, c’est une première. Ce n’est pas une sanction disciplinaire, qui ferait suite à une faute professionnelle. C’est une mise à l’écart, plus visible que la simple annonce de la vacance du poste (d’ailleurs, vous saviez que certains administrateurs apprenaient ainsi leur mutation à venir ?).
Ensuite parce que notre collègue s’est vu imposer cette décision, sans avoir eu l’occasion de plaider sa cause auprès de sa signataire – la secrétaire générale. Nous finirons par apprendre de la directrice que c’est une décision collective, prise par le comité de direction national et alimentée par ses propres remontées.
Enfin, parce que cette décision vient cristalliser et concrétiser les alertes que nous faisons depuis plusieurs années sur l’existence d’un management brutal au sein de notre direction. Les agents de la direction régionale d’Occitanie travaillent en effet depuis plusieurs années avec une direction friande de contrôles abusifs, de management par la peur et l’intimidation. Les équipes elles-mêmes osent aussi petit à petit le faire remonter dans le recueil des risques. Elles se heurtent alors aux « corrections » de la direction qui visent à atténuer, voire à simplement supprimer le risque. Bah oui : pas d’écrit, pas de risque.Mais bon sang, que lui reproche-t-on à la fin !?
Eh bien ça va être un peu difficile de vous l’expliquer, car nous n’avons aucun élément concret. Nous vous partageons cependant les informations que nous avons :
– l’agent aurait eu plusieurs manquements depuis un an, notamment sur ses responsabilités managériales, qui couvriraient « la loyauté, la neutralité et l’exemplarité »
– en revanche, côté métier, aucun reproche à déclarer : « le travail est de qualité au SED d’Occitanie ». Cela est reconnu tant par la directrice que par les équipes du chef de service.
Boh et puis finalement, peut-être qu’on peut vous le dire ce qu’on lui reproche : on lui reproche de n’avoir pas complètement suivi la directrice dans ses dérives autoritaires.Et en attendant ?
En attendant, aucune communication officielle n’est venue confirmer ou infirmer cette décision. Le 2 décembre, le directeur général, a précisé aux organisations syndicales nationales qu’il informerait directement l’agent sur sa situation à venir. Le directeur général nous précise également
« Cette décision, prise dans l’intérêt du service, n’est pas une sanction administrative, et ce n’est en aucun cas le signal, même faible, d’un soudain autoritarisme de la direction de l’Insee. Et j’entends bien qu’elle ne nuise pas aux conditions de travail des agents de la direction régionale, des agents du SED comme des autres »
- En attendant, l’agent est en arrêt. Et ce n’est pas la première fois de l’année,, à chaque fois consécutivement à un entretien avec la directrice.
- En attendant, notre SED est sans responsable et navigue à vue. Mais il continue de naviguer grâce à la conscience professionnelle des équipes qui ne veulent pas gâcher les mois de travail qui mènent à une publication.
- En attendant, nos collègues du SED sont les derniers invités à « échanger » avec la direction, après l’établissement de Montpellier (qui accueille une partie du SED, via le pôle ERI), le Service administration des ressources et le Service statistique. On se permet de préciser que ces échanges arrivent 15 jours après l’annonce de la mutation d’office.
Qui a dit « honteux » ?
Le mardi 3 décembre, la dernière réunion d’échanges - qu’on peut qualifier de « désamorçage » - a réuni les agents du SED (uniquement en présentiel) à Toulouse. Plus de 30 agents ont tenu tête aux éléments de langage de la direction. Le Codir a enchainé plusieurs perles, la meilleure : « oui nous savions que ça allait déclencher une onde de choc ».
Les agents du SED ont proposé une porte de sortie à notre directrice : porter une demande auprès du directeur général d’une médiation entre elle et son chef de service. Et que la décision soit suspendue. La balle est dans le camp de la direction générale.